Prêt•e à reprendre en main ton expérience web? Pour débuter, voici un simple joyau de la génération juste avant le Web2 complet, avant l'ère glaciaire des géants des plateformes, j'ai nommé le flux RSS.
Dans les faits, c'est ni plus ni moins un fichier, un document qui contient un ensemble d'informations sur les mises à jour de contenu d'un certain site.
En pratique, c'est un outil pour suivre les derniers articles postés par un site choisi.
Un flux RSS est difficilement lisible à l’œil nu: il a besoin d'un lecteur RSS. Surtout, un bête fichier de flux RSS a peu d'intérêt à son état pur, n'étant qu'une base de données d'articles qui ne change pas. Si vous téléchargez et sauvegardez aujourd'hui le flux RSS de mon blog, vous y verrez tous mes articles jusqu'à aujourd'hui, mais vous ne serez pas notifiés du nouveau contenu.
Ce que fait le lecteur RSS, c'est visiter périodiquement les flux RSS en ligne, qui eux sont régénérés à chaque mise à jour des sites qui les hébergent. En imaginant que vous êtes abonnés à mon site par votre lecteur, voici une brève chronologie:
RSS = RDF Site Summary (Sommaire du site, en gros) ou couramment appelé Really Simple Syndication. Syndication est un terme repris au langage du marché des médias, qui désigne le fait de donner un droit de diffusion d'une production à plusieurs stations de diffusion, au lieu de la garder seulement à un endroit. Pour le RSS, cet endroit est le site, et les "stations de diffusion" sont les lecteurs RSS sur les différents appareils. Ensuite le contenu que vous verrez directement sur votre lecteur RSS dépend de la configuration du Flux: Il peut comporter les articles entiers, ou une brève description, ou simplement le titre et un lien. Pour qu'il soit utilisable cependant, il lui faut deux choses obligatoires: un lien vers l'article, et une date. Sinon, la liste d'articles ne sera pas bien organisée.
Pour les encore plus curieux·ses, voici un exemple de flux RSS tiré de Wikipedia:
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<rss version="2.0">
<channel>
<title>RSS Title</title>
<description>This is an example of an RSS feed</description>
<link>http://www.example.com/main.html</link>
<copyright>2020 Example.com All rights reserved</copyright>
<lastBuildDate>Mon, 6 Sep 2010 00:01:00 +0000</lastBuildDate>
<pubDate>Sun, 6 Sep 2009 16:20:00 +0000</pubDate>
<ttl>1800</ttl>
<item>
<title>Example entry</title>
<description>Here is some text containing an interesting description.</description>
<link>http://www.example.com/blog/post/1</link>
<guid isPermaLink="false">7bd204c6-1655-4c27-aeee-53f933c5395f</guid>
<pubDate>Sun, 6 Sep 2009 16:20:00 +0000</pubDate>
</item>
</channel>
</rss>
Le fichier est textuel et techniquement lisible, mais vraiment pas agréable à lire. Le lecteur RSS transforme tout ça en un texte confortable.
En gros, voici le pitch: Lire du contenu hébergé sur des sites internet c'est cool. Visiter manuellement chacun de ces sites un par un en espérant y trouver du nouveau, c'est embêtant. Le flux RSS et le lecteur fonctionnent ensemble pour notifier les intéressé·es.
Lire et s'abonner par RSS, c'est détenir le plein contrôle sur une grande partie de son expérience Web. De ce fait, c'est s'engager à ne plus être passif·ve dans sa consommation médiatique, mais ça ne demande quelques petites démarches, qui deviendront habitudes.
Sans une liste de sites à consulter, votre lecteur RSS n'a rien à lire. Donc avant même de foncer sur Goo--un moteur de recherche à qui vous faites confiance pour protéger vos données et de chercher le "best rss reader", pensez à ce que vous voulez y voir. Le blog d'un·e pote, un web-magazine musical, la section politique du Fig--d'un journal qui ne prêche pas la droitardisation, un site de collection d'e-books ou audiobooks en libre accès, une revue scientifique, tout site est bon, tant qu'il met en ligne un flux RSS. On parlera du cas contraire plus bas.
Si vous n'avez pas de sites en tête, pensez aux pages que vous suivez sur les réseaux sociaux. Ont-elles un site en dehors de ce réseau?
Une fois sur le site, cherchez l’icône RSS. Elle ressemblera à ça. pas d’icône RSS en vue? Deuxième méthode: dans la barre d'adresse, ajoutez atom.xml
ou feed
ou feed.xml
. Si un fichier se télécharge, c'est que l'adresse existe bel et bien. Supprimez le fichier, et notez l'adresse avec ce que vous y avez ajouté, dans un bloc-notes sur l'ordi.
Plus facile encore: ajoutez une extension à votre navigateur, qui cherche toutes les formules possibles pour trouver un flux RSS sur le site. Je recommande Feedbro. Une fois sur le site, cliquez sur l'icône de Feedbro, et puis sur "Find feeds in current tab" (trouver les flux dans cet onglet). Il vous proposera une liste de flux s'il en trouve. Clic droit sur le lien en bleu qui vous intéresse dans la liste > Copier le lien. Collez le dans un bloc notes.
Si vous n'avez ni sites ni pages, ou que vous refusez les réseaux sociaux, déjà premièrement bravo! Deuxièmement, des collections de flux RSS existent déjà un peu partout sur le Web. Un flux seul, c'est-à-dire une adresse particulière, c'est un flux RSS. On peut regrouper des centaines de flux RSS dans un fichier sous format .opml
, qui permet de les arranger dans une arborescence. Dans un même fichier, on peut avoir une section Musique, une section Blog, une section Journaux, etc!
Pour commencer en douceur, voici un annuaire de flux RSS généraux. Il ne comportera pas le flux RSS du site de votre disquaire du coin qui fait des revues des derniers albums dans son grenier, mais il permet de commencer l’aventure: https://github.com/plenaryapp/awesome-rss-feeds?tab=readme-ov-file
Le fichier catégorise ici des collections soit par rapport au sujet du site, soit par rapport au pays d'origine. En haut, vous avez les tableaux avec leurs fichiers OPML respectifs. Scrollez vers le bas pour voir les flux individuels. Pour les flux individuels, copiez le lien dans vos notes sur l'ordi. Pour les OPML (les collections) cliquez sur le lien pour télécharger un fichier.
Plus facile encore: Il y a certaines applications qui vous proposeront au tout début de vous abonner à des flux RSS présélectionnés. On en parle juste en bas.
Bon, on a noté trois-quatre adresses ou alors on a téléchargé le fichier OPML. Ouf, quoi maintenant?
Étape-clé de l'adoption du RSS, la lecture dans un environnement confortable. Techniquement, vous pouvez utiliser un simple programme dans un Terminal qui vous rappellera les images d'un ordi dans The Matrix, sans toucher à la souris, mais laissons ça aux plus techniques et snobs d'entre nous. Après tout, si vous pouvez faire ça c'est que vous en savez plus que moi sur le RSS.
L'idée est de pouvoir lire la majorité des articles dans l'application-même. Et pour ça, une bonne police, un bon fond, et un interface confortable sont nécessaires. A vous de voir ce qui vous plaît le plus, il y a des centaines d'applications disponibles. Plusieurs choix s'offrent:
Ce sont celles qui font toutes les opérations sur votre ordinateur ou téléphone. Je conseille vivement cette option pour ne pas avoir à dépendre d'un service sur internet. Toutefois, l'option de synchroniser ses abonnements avec un service en ligne pour avoir les mêmes sites sur ses quatre ordis et trois portables de fonction est disponible pour chacune de ces options. Je conseillerai ici uniquement des solutions libres / open source.
Ordinateur:
Android:
Ce sont les services qui tournent en ligne et gardent votre configuration dans les cloud pour vous permettre de synchroniser à travers tous vos appareils. Un lecteur en ligne a une interface pour lire mais sert aussi de base de données à relier à un lecteur dans une application locale. Ici aussi, place au Libre: je conseille FreshRSS. Normalement, c'est un truc à installer soi-même sur un serveur, mais de gentilles personnes de leur communauté ont mis à disposition des solutions dans le Cloud sans devoir installer tout soi-même; Seulement créer un compte: https://freshrss.org/cloud-providers.html
Le RSS dans le cloud, même moi je ne l'utilise pas. Principalement puisqu je n'ai pas 14 ordis, 7 téléphones, 5 frigos smart et 2 smartwatch sur lesquelles synchroniser tout ça, mais aussi parce que pour synchroniser, il me suffit d'aller dans les options de mon lecteur RSS et de voir par où exporter le fichier OPML qui regroupe tout. Ensuite, inversement sur l'autre appareil je vais dans les options pour importer le fichier OPML que j'ai copié (par USB ou par le cloud).
Solution 1: Vous avez un paquet ou une collection de flux téléchargé dans un fichier OPML. Suivant l'application choisie, essayez de trouver une option pour Import/Export des données des flux. He's an importer-exporter okay? https://www.youtube.com/watch?v=VtuwWL6SMYk
Ici, je ne peux pas directement vous aider, comme il y a de nombreuses et diverses applications qui fonctionnent différemment. Il doit y avoir une option pour importer un fichier OPML toutefois. Une fois que c'est fait, votre interface explosera avec des entrées des sites "non lues". A table!
Solution 2: Vous avez une liste d'adresses de flux. Cliquez sur le bouton pour ajouter des flux (Ajouter ou +) et copiez-collez les flux un par un. La première fois c'est un peu long, mais tout sera enregistré après, et vous n'aurez qu'à en ajouter un à la fois dans le futur, quand vous découvrirez de nouveaux sites avec des flux. De nouveau, à table! C'est prêt, vous pouvez lire vos articles
Il faut ensuite juste prendre l'habitude de trouver le lien RSS quand on tombe sur un blog intéressant.
Malgré l'existence et la stabilité du RSS, énormément de sites et de blogs
Le flux RSS est une technologie liée aux outils du Web1, la "première génération du web". Son origine remonte à 1999, mais il aura besoin de quelques années pour devenir un standard robuste. Autour de 2004, il se popularise, et c'est aussi à cette époque que naissent, sans encore prendre l'envergure qu'ils ont aujourd'hui, les plateformes web, tout ce qui est du type réseau social. C'est aussi une époque où l'on passe beaucoup moins de temps sur Internet qu'aujourd'hui. Le RSS était connu surtout aux yeux de ceux qui passaient davantage de temps devant un écran que la moyenne. Donc s'il ne vous dit rien, c'est probablement parce que vous avez commencé à traîner sur le Web plus souvent un peu plus tard, à l'époque où tout le monde se convertissait à Facebook ou Twitter. Et comme ces plateformes vous permettaient d'avoir un suivi sur les nouveaux contenus qui vous intéressent, vous n'avez peut-être pas cherché une autre manière de le faire.
Aujourd'hui, on voit principalement deux manières de suivi qui sont mises en avant: les posts par les réseaux sociaux ou alors les "newsletter", les envois d'email pour vous tenir au courant. Sacrilège!
Premièrement, si on continue à utiliser Facebook et compagnie, on met toutes les données sur nos intérêts, ainsi qu'un modèle de la façon dont nous consommons les contenus web, dans les mains de quelques boites gigantesques privées qui ont la liberté de manipuler le contenu qu'on voit et le contexte dans lequel ça se fait. Et même si on régule légalement cette liberté, elles ont tout de même le pouvoir de le faire.
En plus, ça nous éloigne de ce que le web est censé être: on rentre dans des silos gigantesques d'information armés de murs en béton, et on coupe les connexions au reste du monde, à l'exception des quelques liens dans des publications, qui sont systématiquement moins montrées car elles invitent à sortir de l'espace de la plateforme. Le web, c'est la toile, et une toile, ça n'est pas un tas de ruches.
Deuxièmement, parlons-en, des e-mails. Si GMail a, il y a quelque temps, introduit une fonction d'auto-filtrage des mails, c'est que ses utilisateurs en avaient besoin. Les onglets-catégories de type "annonces", "promotions", et "social" ne font qu'illustrer par leur besoin d'exister l'énorme part de mails à caractère de notification, et non pas de communication. Ils illustrent qu'on en a eu marre, à un moment, de chercher entre les 500 courriels du mois les quelques mails qu'on voulait bien lire. Dans une mer de notifications se noient les quelques e-mails honnêtes, sérieux, ou nécessaires. Si on continue de fonctionner ainsi, on risque non seulement de devenir anxieux à l'idée de lire sa boite mail, mais aussi de perdre de vue les contenus que nous souhaitons garder, par une fatigue mentale qui fait qu'on jette tout à la poubelle.
Les lecteurs RSS sont là, ils sont un standard du web, une technologie qui n'a même pas besoin d'évoluer tellement son idée est simple. Sans même parler du coût écologique moindre: un site qui envoie un mail par semaine à 20 milles abonnés par un service de newsletter comme MailChimp, c'est bien plus gourmand qu'un lecteur RSS qui vérifie les nouvelles de temps en temps et par lequel vous pouvez choisir de vous désabonner à tout moment. Un véritable service pour notifier ceux•elles qui sont intéressé•es, quand iels sont intéressé•es!